Inde : À Mayapur, coincée entre George Harrison et Kryshna

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Il règne à Mayapur une ambiance étrange. Un peu comme si tous les habitants de cette ville avaient tiré sur un énorme joint avant de sortir de chez eux. Une litanie de « Hare Krishna », égrainée sur un ton monocorde résonne depuis les hauts-parleurs qui encerclent la ville. Des hommes en toge orange se baladent le long des rives du fleuve Hooghly en récitant des prières. Des Occidentales en robes longues promènent leurs brochettes de gamins le long des étals de fruits. Tout ce joli monde a l’air parfaitement heureux. Et complètement allumé. On se croirait chez les mormons, les vaches sacrées en plus.

En s’enfonçant vers l’artère principale, les groupes se multiplient. Ils interpellent quiconque croise leur sourire extatique d’un « Hare Krishna » engageant. Au bout de l’avenue, un temple digne du château de la Belle au Bois Dormant s’élève devant les yeux des visiteurs : bienvenue à Mayapur, chez les Hare Krishna, la secte chantée par les Beatles et encensée par des milliers d’adeptes de la contre-culture.

Fondé en 1966 à New-York par un natif du Bengale Occidental, le mouvement compterait entre 15000 et 200 000 adeptes dans le monde. Un écart de chiffres surprenant, digne d’un comptage de manifestants anti-mariage pour tous. La doctrine est simple: vénérer Krishna, porter son message et utiliser chaque moment de sa vie pour vivre dans « la conscience de Krishna ». Pour cela, le disciple en toge orange, chapelet à la main, se doit de réciter le japa, la répétition du nom divin, 1728 fois par jour. Soit huit heures de prières quotidiennes pendant lesquelles l’adepte répète la même phrase, sur le même ton et accompli le même geste. A Guantanamo, les juges appelleraient ça de la torture. A Mayapur, on appelle ça de la dévotion. A l’intérieur du gigantesque temple, il existe même une salle où des moines répètent jour et nuit ce mantra. Son nom: le non-stop Krishna.

 

Un Gangnam Style flegmatique

 

Le complexe peint en orange, couleur toge, abrite aussi une école, un hôtel et quelques magasins. Tout le site ou presque est accessible au visiteur. Les cérémonies de prière à l’intérieur des temples sont un moment fort de la visite. Au milieu des statues représentant la vie de Krishna (une sorte de Martine à la ferme), des hommes et des femmes se retrouvent autour des orgues et des tambours pour chanter leur dévotion et accomplir une chorégraphie délicieuse: les bras en l’air, ils se balancent de gauche à droite au rythme de la prière.Après ce Gangnam Style flegmatique, tous s’allongent devant la statue de Krishna et recouvrent la divinité de pétales de fleurs. L’émotion atteint son paroxysme. Le visiteur hésite entre s’allonger au milieu des adeptes, ou partir en courant se jeter dans l’Hooghly en criant : « Help, I need somebody help ».

 

Destination : Inde | Rubrique : La Vie des autres

Tags : hippie - inde - musique - religion - spiritualité

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