À Wimbledon, les courses de lévriers rapportent gros

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  • 1/2 Lévriers de Wimbledon, Croquis Marie Tissot

  • 2/2 Lévriers de Wimbledon,

De l’extérieur, le Wimbledon Stadium n’a rien d’extraordinaire. L’endroit ressemble plus à un entrepôt qu’à une enceinte sportive. La traversée de l’interminable parking qui mène à l’entrée suscite parfois chez le visiteur une envie subite de rebrousser chemin et de passer sa soirée dans un bon vieux pub de quartier ou dans un restaurant branché de l’East London. Seuls les plus téméraires, les cynophiles invétérés ou les parieurs compulsifs choisiront d’assister à cette tradition populaire typiquement britannique. Un rendez-vous hebdomadaire qui perdure depuis plus d’un siècle.

C’est en entrant dans l’enceinte du cynodrome que la soirée commence. Dans les gradins, les familles nombreuses côtoient les fossoyeurs de vie de garçon. De vieux parieurs avisés filent quelques conseils aux novices. Armé de son livret récapitulatif des courses de la soirée et plongé dans les statistiques de chacun des chiens en lice tel un pilier de comptoir dans les meilleures pages de Paris Turf, le visiteur se prend au jeu. Il se retrouve immergé dans l’une des activités préférées des Anglais : le pari frénétique. Et ici, mieux vaut avoir le cœur bien accroché. Les courses s’enchainent à un rythme frénétique. Tous les quarts d’heure, six lévriers en pleine santé sont alignés sur la ligne de départ.

 

Tous les quarts d’heure, six lévriers en pleine santé sont alignés

 

Une présentation formelle des différents chiens est organisée avant chaque course pour permettre au parieur de faire son choix. La mise minimum est de cinquante pence, soit cinquante-huit centimes d’euro. Pas de mise maximum a priori. Une fois les paris clôturés, les sprinters intègrent leur box. Shakalakaboom rivalise avec Serious Man. En dossard rouge, Lightning Speed, battu la semaine dernière, veut prendre sa revanche sur Nearly Caught. Les propriétaires de ces clébards de luxe n’ont qu’une seule idée en tête : gagner et hisser leur poulain au rang de Mick the Miller, la légende du sport, le seul lévrier à avoir remporté 19 courses d’affilée entre 1929 et 1930.

Le départ est donné. À toute blinde, les six lévriers se lancent à la poursuite d’un lièvre fictif. Leur vitesse moyenne est de 60km/h, soit la vitesse d’un booster non débridé lancé en pleine descente. Pendant ce temps-là, les parieurs enquillent bière sur bière et s’empiffrent de hot-dogs en hurlant le nom de leur champion. On se croirait à White Hart Lane, les maillots de Tottenham en moins.

Une fois le 480ème mètre atteint, la course est pliée. Leur ticket gagnant à la main, certains parieurs vont réclamer leur dû. C’est l’heure pour tout ce beau monde de rentrer à la niche.