Est-ce bien raisonnable de ne penser qu’à manger en voyage ?

 

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Cette fois-ci, vous vous l’êtes juré : le jour de votre départ en vacances, vous rentrerez dans ce joli maillot de bain que vous avez acheté en soldes l’année dernière. Tant pis si pour cela, vous devez courir deux fois par semaine sous une pluie battante et suer sang et eau pendant d’improbables cours de pilate suédois. Vous serez svelte et affuté(e) pour vous dorer la pilule sur les plages thaïlandaises. Mais ces efforts se révèleront-ils bien raisonnables quand vous prendrez la mesure de toutes les spécialités culinaires qui vous attendent sur votre lieu de vacances ?

 

Spring roll, pad thai, biryani, hoummous, poulet yassa, tajine, à chaque destination suffit son lot d’alléchantes promesses. Combien de fois en voyage vous êtes vous arrêtés, béats d’admiration devant une énième tranche de jambon andalou, alors que vous veniez pourtant d’avaler dix kilos de charcuterie espagnole pour le goûter ?

Oui, il existe bel et bien une sensation de vertige culinaire à l’idée de découvrir la gastronomie d’un pays. Manger local plonge le visiteur dans l’histoire nationale et lui permet souvent de mieux comprendre ses habitants. Se faire un repas entier antipasti / primi piatti / secondi piatti / dolci en Italie, c’est saisir que dans ce coin-là du monde, on ne rigole pas avec la bouffe.

Manger à s’en faire péter la sous-ventrière

Gizèle se souvient de cette fois où, avide et gourmande, elle s’est lancée dans un marathon de la street food stambouliote. Volant vers d’innombrables stands de bretzels, courant se saisir d’un sandwich au poisson grillé, oubliant presque de mâcher sa corne de gazelle avant d’engloutir son kebab sauce pistache, elle a littéralement mangé à s’en faire péter la sous-ventrière. Et le maillot en soldes qui allait avec.

Heureusement, comme Gigi, vous n’êtes jamais l’unique passager(e) de ce naufrage culinaire. Vos potes, toujours prêts à se resservir une assiette, vous accompagnent de bon cœur dans cette envolée gastrique. Comme ces fois où, attablé(e) depuis midi dans une énième gargote du bout du monde, ivre de nourriture, gavé(e) comme une oie en séjour gastronomique à l’étranger, vous plongez dans les yeux hépatiques de vos compagnons de voyage pour vous enquérir du programme de la journée. Votre discussion, couverte pas les borborygmes des uns et des autres, s’étire inlassablement, digestion oblige. Les plus téméraires décident de partir visiter la ville tandis que les autres se lancent dans une sieste digestive, préférant ne garder qu’un souvenir gras et arrosé de cette bourgade étrangère. Mais au moment de quitter le resto, vos plans s’effondrent. D’entrée du jour en plat traditionnel, vous avez passé beaucoup trop de temps le nez dans le menu découverte (que vous n’avez d’ailleurs pas fini), et la nuit est tombée dans la ville que vous deviez explorer. Vous renoncez à toute forme de visite culturelle en attendant le repas du soir, deux heures plus tard. Vertige de la découverte, disions-nous.

 

Il existe néanmoins une solution imparable pour ne pas risquer d’exploser votre petit maillot de bain soldé. Lancé(e) à pleine vitesse sur l’autoroute des calories, en pleine montée de glucose, vous atteignez une vitesse de croisière insoutenable dès le 4ème jour de voyage. Habitué(e) aux salades caesar consommés en France, vous savez que vous ne tiendrez pas longtemps le rythme de cette épopée culinaire. Rassurez-vous : très vite, elle arrivera, drapée dans ses vapeurs de riz blanc et ses relents de smecta : la turista. Celle qui exigera de vous un repos gastrique de plusieurs jours et une mise au vert séance tenante. La bouffée d’air frais dans cet océan d’odeur de bouffe. Votre oasis dans le dessert.

 

est ce bien raisonnable manger

La rédaction

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