Géographie : Ces 10 micronations dont vous ignoriez l’existence

On en compterait plus de 600 réparties à travers le monde. Ces micronations sont un peu la face cachée de la planète diplomatique, celle dont personne ne parle, dont peut-être tout le monde se fout mais qui nous fait bien marrer nous, chez Allez Gizèle. De la République Libre du Frioul, près de Marseille, à la principauté d’Hutt River, au fin fond du bush australien, passage en revue de ces territoires autonomes autoproclamés qui ont tous leur improbable monnaie et leur dirigeant charismatique. Mais dont aucun n’est reconnu officiellement par la communauté internationale. On embarque tout de suite. Et sans visa, pour une fois.

 

 

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1.La principauté de Sealand, au large de l’Angleterre

Construite durant la Seconde Guerre mondiale pour prévenir d’éventuelles attaques aériennes allemandes, la plateforme militaire de Sealand est située à une quinzaine de kilomètres des côtes anglaises, dans les eaux internationales de la Mer du Nord. Délaissée après le conflit, elle est ensuite investie par Paddy Roy Bates, un ancien major de l’armée britannique, présentateur d’une radio pirate, qui proclame l’indépendance de sa principauté le 2 septembre 1967. Il crée alors une Constitution, une monnaie nationale et un drapeau, qui n’auront de valeur qu’aux yeux de ses quatre sujets. Coup de théâtre en 1978, le Premier ministre tente un coup d’État et capture Michael, son fils. Fort heureusement, le gamin reprend très vite la forteresse depuis un hélicoptère d’assaut. Rien que ça. Les assaillants sont faits prisonniers puis finalement relâchés. Tout est bien qui finit bien. Si l’incroyable histoire de Sealand vous fascine et que l’idée de vivre sur une plateforme vous excite, sachez qu’elle est à vendre pour 12 millions d’euros. Une bagatelle. Surtout quand on sait que l’endroit fait à peine 550 m2.

 

 

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2.La République des Conques, près de Key West

The Conch Republic est un improbable territoire situé dans l’extrême sud de la Floride, aux États-Unis. Créée en 1982 par Dennis Wardlow, alors maire de Key West, elle compte pas loin de 25 000 habitants et elle a même son propre hymne national : The Conch Republic Song. On ne va vous mentir, c’est la micronation la plus bling-bling de ce classement. Grosses berlines américaines, autochtones à chemises hawaïennes, il a clairement l’air de faire bon vivre dans la République des Conques. En témoignent les nombreux événements organisés par la « municipalité » : concours de tatouages, courses de vieux bolides et barbecues en tous genres sont au menu des festivités du territoire. On aime la devise « We seceded where others failed », – « Nous avons fait sécession là où d’autres ont échoué » – un doux jeu de mots avec le verbe succeed, « réussir », en anglais. Attention cependant : la moyenne d’âge est à l’image de celle de la Floride. Vous aurez donc du mal à choper du jeune républicain entre deux saucisses grillées.

 

 

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3.La République du Saugeais, à la frontière franco-suisse

La République du Saugeais est une micronation folklorique composée de onze communes du Haut-Doubs, en France. Sa capitale, Montbenoît, est connue pour deux choses : son abbaye, et sa courte mais non moins célèbre apparition dans le film documentaire Le Peuple migrateur, en 2001. Vous ne vous en souvenez pas ? Rassurez-vous, nous non plus. Ce qu’on aime dans la république du Saugeais, c’est que la proclamation de ce microétat est au départ une vaste blague. En 1947, alors que le préfet du Doubs est en visite dans le coin, le proprio de l’hôtel de l’Abbaye demande à voir son laisser-passer, dûment tamponné par la République du Saugeais. Amusé, le préfet répond alors : « À une République, il faut un président. Je vous nomme donc président de la République libre du Saugeais ». Une micronation de 128 kilomètres carrés était née.

 

 

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4.La principauté d’Hutt River, en Australie

La principauté d’Hutt River , du nom de la rivière qui traverse le territoire, est une exploitation agricole de 75 mètres carrés située en Australie Occidentale, à 500 kilomètres de Perth. La naissance de cet état agricole sécessionniste remonte au mois de novembre 1969, date à laquelle le gouvernement australien impose des quotas de production aux exploitations agricoles de tout le pays. Le fermier Leonard Casley, le futur roi Leonard Ier, n’échappe pas à l’injonction. Pour éviter la faillite, il fait appel de cette décision, en vain. Il créé un an plus tard la principauté d’Hutt River, qu’il dote d’un drapeau bleu, orné d’un contour de tête de bovin et d’un oiseau bleu aux ailes déployées. L’Australie devra désormais dealer directement avec le roi. Si elles ne ferment pas les yeux sur l’émission de passeports de la Principauté d’Hutt River, les autorités de l’île traitent néanmoins Leonard Ier et ses sujets avec bienveillance et respect.

 

 

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5.Le royaume de Calsahara, en Californie

Le royaume de Calsahara est la plus jeune micronation de ce classement. Créé en 2009 sous l’impulsion de son roi, le King Montague, le Calsahara se situe, comme son nom ne l’indique pas, en Californie. Comme tous les jeunes premiers, le royaume a les dents longues, un très beau site Internet et une stratégie diplomatique offensive. Il a d’ailleurs déjà établi des relations amicales et diplomatiques avec la République de Molossie, entre autres. Le roi Montague est à mi chemin entre Borat, un prince saoudien et un haut gradé américain. Vêtu d’un keffieh noir et blanc et d’une veste de colonel, il arbore volontiers ses nombreuses médailles factices. Sa mission : combattre pacifiquement les inondations que connait chaque année son royaume. Notons que la boisson micronationale est le café pour les adultes et le chocolat chaud pour les enfants. Voici en prime, pour ceux qu’un séjour linguistique au Calsahara intéresseraient, la vidéo de l’hymne national qui met en scène le roi himself.

 

 

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6.La république de Molossie, dans le Nevada

The Republic of Molossia, proclamée « République bananière dictatoriale » par son créateur Kevin Baugh est en réalité une petite maison près de Dayton, dans le Nevada. Sa superficie, en comptant le jardin, est d’à peine 5000 mètres carrés. Elle est la propriété de son président et créateur qui a eu l’idée de fonder sa propre nation lorsqu’il était enfant. Une fois devenu adulte et revenu de nombreux voyages en Europe, Kevin Baugh a exaucé son rêve de gamin. Il baptise alors son territoire « Molossia », en s’inspirant, selon ses dires, du mot « morro », qui signifie « petite colline rocheuse », en espagnol. La république accueille chaque année une dizaine de touristes, pour le plus grand bonheur de Kevin.

 

 

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7.La République libre du Frioul, au large de Marseille

La République libre du Frioul, du nom du petit archipel situé en face de la cité phocéenne, est née le 1er juillet 1997. Sa devise est simple : «Un seul soleil, chacun son ombre.» Une phrase qui fédère quand on sait que Marseille compte plus de 240 jours de soleil par an et qu’il y fait souvent très chaud. La RLF est d’abord née de l’imagination fantasque d’un artiste plasticien d’origine malgache, Jean-Claude Mayo. À l’époque, l’homme acquiert le fort de Brégantin, sur une des îles, et crée la République libre du Frioul, en se nommant, après deux trois pastis bien tassés, ministre convoyeur du verbe. L’idée plait aux locaux et plus de 250 citoyens ministres viennent peupler les rangs de cet improbable gouvernement. L’équipe crée alors un journal « Le Frioul Tribune », et tente même une vaine annexion de la ville de Paris et la création d’une monnaie. Finalement, après quelques années d’errance, la RLF meurt de sa belle mort. Réhabilitée quelques mois lors de Marseille 2013, on ne sait pas aujourd’hui quel futur prometteur attend cette république anisée.

 

 

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8.Christiania, l’utopie libertaire de Copenhague

Celui ou celle qui a déjà mis un un pied à Copenhague a forcément entendu parler de Christiania. Niché au cœur même de la capitale danoise, ce quartier hippie à la sauce marijuana attire inlassablement les visiteurs. Fondée par un journaliste en 1971, cette communauté autogérée constitue l’une des expériences sociales les plus connues en Europe. On vient certes à Christiania pour fumer des joints mais aussi pour boire des coups, manger un morceau où pour profiter des concerts en plein air qu’organisent les habitants aux beaux jours. Souvent critiquée mais jamais délaissée par la population locale et les touristes, Christiania et ses 1000 habitants ont encore de beaux jours devant eux.

 

 

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9.La Molvanie, ce pays imaginaire en Europe de l’Est

Inventée par trois Australiens amateurs de blagues absurdes qui s’ennuyaient en voyage, la Molvanie (à ne pas confondre avec la Moldavie) est un pays totalement imaginaire situé aux confins de l’ex-URSS. Un territoire montagneux, peuplé d’autochtones un tantinet attardés et édentés où l’on mange « très mal », où les hivers sont « glaciaux » et où l’on peine à se loger, selon le guide rédigé par nos trois acolytes. Si le pays n’existe pas, le bouquin s’est quant à lui vendu à plus de 500 000 exemplaires dans le monde. Un record d’absurdité qui nous met très en joie. Là encore, on peut écouter l’hymne national fictif de Molvanie, censé concourir à l’Eurovision mais finalement honteusement disqualifié au dernier moment. True story.

 

 

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10. L’Empire d’Atlantium, en Nouvelle-Galles du Sud

En 1981, trois adolescents australiens fondent Atlantium, une micronation laïque et progressiste, qu’il divisent en plusieurs provinces, toutes situées dans la banlieue de Sydney. L’amitié et le manque de suffrages aidant, chacun est tour à tour nommé premier ministre de cet improbable état où le droit à l’avortement et la libre circulation des personnes sont rois. Mais les années passent et les études universitaires des garçons ont raison de l’Empire. Qu’importe, une fois diplômés, les trois fondateurs créent un site internet et relancent le projet. Aujourd’hui, la micronation compte pas moins de 903 citoyens, originaires de plus de 90 pays. Et nul besoin de renoncer à sa nationalité pour devenir citoyen d’Atlantium : les créateurs ont pensé à tout et ils ne demandent qu’une seule chose à leurs ressortissants : qu’ils fassent la promotion de l’Empire au-delà de ses frontières. Facile quand on sait que le territoire mesure à peine 76 m2.

La rédaction

Pour aller plus loin dans la micronationsphère, rendez-vous sur le site internet du photographe Léo de La Fontaine, auteur de Micronations, un très beau livre de photos sur le sujet.