Jason deCaires Taylor et son musée sous-marin

À presque 40 ans, Jason deCaires Taylor est la référence mondiale en matière de sculpture sous-marine. Ses oeuvres monumentales, regroupées principalement à Grenade et au Mexique, sont à couper le souffle. L’Anglais vient d’ailleurs de sortir un premier livre consacré à son oeuvre :  « The Underwater Museum »On prend une grande respiration et on plonge voir tout ça.

 

Passionné depuis l’enfance d’art et de plongée sous-marine, Jason décide très tôt d’allier ses deux passions et d’en faire son métier. Contre l’avis de sa conseillère d’orientation, il devient sculpteur sous-marin. La côte de Grenade, fortement endommagée par le passage de l’ouragan Ivan en 2004, est le point de départ de son travail. Ses premières oeuvres aquatiques y sont immergées en 2006. On retrouve notamment Grace Reef, sa première installation, – seize femmes allongées sur le dos à six mètres de profondeur – et Vicissitudes – vingt-six enfants formant une ronde face au courant qui constitue probablement une de ses oeuvres les plus saisissantes.

Grace Reef - ©www.underwatersculpture.com

Grace Reef – www.underwatersculpture.com

Vicissitudes - www.underwatersculpture.com

Vicissitudes – www.underwatersculpture.com

Conscient du potentiel du garçon, le gouvernement mexicain fait appel à lui en 2010 pour créer le Musa,  un extraordinaire musée d’art subaquatique au large de Cancun. Occupant plus de 420 mètres carrés de fonds marins, le lieu accueille 450 000 visiteurs par an. L’oeuvre la plus scotchante est probablement Silent Evolution, un récif composé de 403 sculptures humaines à taille réelle. Une sorte de quai de RER un jour de grève, le bleu et le silence en plus.

Silent Evolution - www.underwatersculpture.com

Silent Evolution – www.underwatersculpture.com

Silent Evolution - www.underwatersculpture.com

Silent Evolution – www.underwatersculpture.com

Comme Jason l’explique, sa démarche est avant tout écologique : « J’essaie de représenter la façon dont l’intervention humaine ou son interaction avec la nature peut être positive et durable. C’est une illustration de la manière dont nous pouvons vivre en symbiose avec la nature. »

Destinées à détourner l’attention des touristes pour permettre aux récifs coralliens de se développer en toute tranquillité, les installations de Jason sont pensées pour accueillir la faune locale. Note pour les ingénieurs en mal d’écologie : les ingrédients utilisés par l’artiste sont le ciment, le sable et la microsilice. L’objectif est en effet obtenir un béton au Ph neutre, renforcé de fibre de verre. Résultat : poissons et coraux s’y précipitent et les oeuvres de l’Anglais deviennent rapidement de véritables récifs à part entière. Au travail de l’artiste s’ajoute alors celui de l’univers aquatique qui l’habite : « Le corail applique la peinture. Les poisson apportent l’atmosphère. L’eau donne l’humeur. Les gens me demandent quand est-ce que ce sera fini. Je leur réponds que ce n’est que le commencement. »

 

La rédaction

Pour les plongeurs-écolo-artistes invétérés, le premier livre consacré à l'artiste est sorti le premier avril dernier.

Rubrique associée : Le Grand baz'Art

Tags : art - plongée