Afrique du Sud : Johannesburg, la ville qui renait de ses cendres

— par

  • 1/7 Café au 44 Stanley Avenue, Joburg

  • 2/7 Smoothies, Joburg

  • 3/7 Brunch du dimanche au marché de Arts on Main, Joburg

  • 4/7 Marché de Arts on Main, Joburg

  • 5/7 Sanza et Barry, The Uniconz

  • 6/7 Collection The Uniconz, photos par Cigerettes and Concepts

  • 7/7 Collection The Uniconz, photos par Cigerettes and Concepts

Autant vous prévenir tout de suite, Johannesburg – Joburg pour les intimes – ne se laisse pas apprivoiser facilement. La première sensation que vous ressentirez en arrivant ? L’agacement. Vous serez agacé(e) par tous ces gens qui vous prendront pour un fou quand vous leur direz que vous voulez vous balader à pied, agacé de tout faire en bagnole, agacé(e) des bus ou s’entassent des Noirs et des gros 4×4 remplis de Blancs, agacé(e) parce que tout paraît compliqué et dangereux. Et puis, au fil des jours, vous comprendrez que Johannesburg, encore traumatisée par l’apartheid, n’a pas pansé toutes ses plaies et que sa guérison prendra du temps. Mais refusez donc le pessimisme ambiant et sortez humer l’air du changement.

 

« Tu vois, ici il y a des Noirs, des Blancs, des Indiens, des classes moyennes et supérieures, et ça, avant, c’était pas possible. Même pas en rêve ! » Sanza, 21 ans, doit parler un peu fort pour se faire entendre. Nous sommes en plein milieu du marché de Arts on Main. Cet endroit branché, niché au cœur d’un vieil immeuble en briques, se trouve à l’est du centre-ville, quartier peu à peu déserté, et aujourd’hui encore jugé peu recommandable. Pourtant, Sanza évolue tranquillement entre les étals de cup-cakes, les rangées de smoothies et les menus de repas veggan. Car ici, on brunche et on arbore ses plus belles lunettes de soleil Ray-Ban.

 

Leur but : incarner la nouvelle « coolitude » de Johannesburg

 

 

Sanza et son acolyte, Barry, sont tous les deux des born free. Comprenez : nés après la fin de l’apartheid. Ils ont monté the Uniconz, leur propre marque de fringues au style preppy, tendance sportwear. Leur but : incarner la nouvelle « coolitude » de Johannesburg à travers les vêtements. Pour notre rendez-vous, les jeunes hommes d’affaire arborent le look de leur marque : un polo noir traversé par les couleurs de l’Afrique du Sud pour Barry et un T-shirt blanc barré du nom Uniconz écrit en rouge pour Sanza. A la fois chic et décontracté, avec, cerise sur le biceps : le nom de leur marque tatoué sur leur bras. « The Uniconz s’adresse aux jeunes qui bossent mais refusent le costard-cravate et qui vont traîner dans ce genre d’endroit après le boulot. On veut alimenter la créativité qu’on sent aujourd’hui dans les rues de la ville », explique Sanza. Barry acquiesce, secouant sa tête surmontée d’une casquette, ponctuant ses phrases d’un « Yo » tout droit sorti d’un clip de rap. Avant de commencer leur business, les deux stylistes faisaient partie d’une des nombreuses « fashion crews » qui pullulent dans la ville. La plupart du temps composés de jeunes Noirs, ces groupes déambulent dans la rue et revendiquent une nouvelle mode, à mi-chemin entre look des jeunes européens et celui des sapeurs congolais. Sanza et Barry n’arrivent pas toujours à joindre les deux bouts avec Uniconz. Mais au moins, ils montrent qu’« aujourd’hui, les jeunes Noirs peuvent aller au bout de leurs rêves. ».

 

 

Alors oui, sachez-le : la vie peut aussi être douce à Joburg. Le voyageur curieux que vous êtes choisira de tourner le dos aux peureux, et de se balader en toute tranquillité dans les rues de Melville, un quartier paisible rempli de cafés, de magasins et de restaurants à l’image du Lucky Bean, où l’on déguste en terrasse un pavé de bœuf sauce wasabi. Les accros à la brocante pourront traîner au 44 Stanley Avenue, et faire leurs emplettes en buvant des macchiattos. À Joburg, vous pourrez voir une expo d’art contemporain organisée dans l’ancienne prison du Old Fort, et finir la soirée avec une bande d’artistes dont la couleur de peau n’a pas d’importance. Il suffira pour ça de compter sur le bouche-à-oreille, et de vous laisser porter, sans aucune appréhension, dans ces îlots urbains en pleine renaissance.