Californie : 3 jours de rando en autonomie dans le parc de Yosemite

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  • 1/13 La vallée, Yosemite Village

  • 2/13 Le Half Dome depuis Glacier Point, Yosemite half dome yosemite

  • 3/13 Premier jour de rando, Yosemite rando trek yosemite

  • 4/13 Nuit au bivouac, Yosemite bivouac yosemite campement

  • 5/13 Food storage, Little Yosemite Little Yosemite bivouac rando

  • 6/13 Sur la route, Yosemite

  • 7/13 Vers Merced Lake, Yosemite

  • 8/13 Vers Merced Lake, Yosemite

  • 9/13 Joie du flocon, Yosemite

  • 10/13 Merced Lake, Yosemite Bivouac trek merced lake yosemte

  • 11/13 Couleur d'automne, Yosemite yosemite randonnée

  • 12/13 Rando, Yosemite bivouac trekking parc national de yosemite

  • 13/13 Rando, Yosemite rando ours yosemite

Porté aux nues par les randonneurs du monde entier, adulé par les habitants de San Francisco qui viennent y passer le week-end et photographié un bon milliard de fois, le parc national de Yosemite paierait-il les frais de son succès ? « Que nenni », comme dirait votre prof de latin de 4ème. Car si l’endroit accueille plusieurs millions de visiteurs par an, il est encore possible de trouver des moyens détournés pour découvrir en solitaire l’étendue de ses paysages. La solution ? Éviter les campings de la vallée, suréquipés et surpeuplés, et partir, sac sur le dos, randonner au gré des lieux de bivouac du parc. Intrépide et aventureuse, Gizèle a une fois de plus chaussé ses pompes de rando et enfilé son précieux mérinos pour découvrir, pendant trois jours, Yosemite et les alentours d’un de ses sommets mythiques : le Half Dome. On s’avale une barre de céréales et on démarre.

 

Sécurité oblige, il faut d’abord passer dans l’un des six wilderness centers du parc pour retirer le précieux permis. La procédure est simple pour quelqu’un d’un tant soit peu organisé : on établit son itinéraire à l’avance nuit par nuit et on réserve ensuite les campground – les lieux de bivouac – de son choix. Le wilderness permit autorise le randonneur à arpenter les sentiers du parc en toute tranquillité. Il lui évite aussi de se faire prestement renvoyer vers la sortie en cas de contrôle des rangers. Un conseil : en été, mieux vaut réserver à l’avance sa place dans les lieux de bivouac, au risque de se voir refuser la délivrance du sésame. Victimes de leurs succès, les responsables du parc ont en effet décidé de limiter le nombre de trekkeurs autorisés à bivouaquer. Gizèle, fort peu organisée mais disposant de beaucoup de vacances, a quant à elle préféré parcourir les chemins de rando hors-saison. Une aubaine, puisque selon les locaux, c’est au printemps et à l’automne que Yosemite dévoile ses plus beaux atours. Au vu des couleurs surnaturelles observées tout au long du trek, on veut bien les croire.

 

 

L’ours : l’ennemi du parc tant attendu

 

Une fois le wilderness permit en poche, la rando peut commencer. Depuis Yosemite Village, direction le Four Mile Trail jusqu’au point de vue de Glacier Point, face au Half Dome, cet improbable dôme granitique de 2693 mètres d’altitude, littéralement coupé en deux et que l’on peut atteindre à pied ou via de nombreuses voies d’escalades. De Glacier Point, la vue sur le parc est imprenable. Le sentier rejoint ensuite le premier campement : Little Yosemite, situé à 1850 mètres d’altitude.

Là, au milieu des sapins , les randonneurs goûtent au plaisir du repos. Regroupés devant leur tente, ils font paisiblement sécher leurs chaussettes antitranspirantes avant de se retrouver autour d’un plat de pâtes au saumon lyophilisées. Délice culinaire et bonheur sensoriel : le monde du trek a ses raisons que la raison ne connait pas. Allégement du sac oblige, en rando en autonomie, il faut souvent composer avec seulement deux paires de chaussettes et tout un tas de plats tout prêts, en flocons, dont on se délecte autour du réchaud à gaz, une fois la nuit tombée. La plâtrée engloutie, les trekkeurs rangent les produits compromettants dans d’énormes food storage prévus à cet effet. Que les esprits pervers se rassurent, dans le parc de Yosemite, les produits compromettants ont plus la forme de paquet de chips aux oignons et de poignées d’abricots secs que de menottes en cuir. Car l’ennemi du parc, tant attendu quoique redouté, c’est l’ours. On en compterait plus de 300 répartis sur l’ensemble de Yosemite. Et s’il faut tout de même beaucoup, beaucoup de malchance pour se faire attaquer, l’usage veut que les randonneurs rangent leurs provisions, leurs produits de beauté et même leurs cigarettes, dans les food storage du campement pour éviter d’attirer le plantigrade par d’alléchantes odeurs de paraben.

Le deuxième jour, le trek se poursuit le long de la rivière Merced jusqu’au camp de Merced Lake, où les arbres rivalisent de couleurs pour mieux se refléter dans le lac. Plus on s’enfonce dans le parc, plus les randonneurs se font rares dans les campements. On croise souvent des marcheurs solitaires venus se frotter au John Muir Trail, un sentier de rando mythique qui rend hommage au botaniste anglais, à l’origine de la création du parc national. Pour ceux que le dépassement de soi tenterait plus que Gizèle, le JMT (son petit nom) relie Yosemite au Sequoia National Park sur 340 kilomètres et s’effectue en 2 à 3 semaines selon le niveau de chacun. Gizèle, malgré toutes ses vacances, vous laisse y aller tout seul cette fois-ci. Vous lui raconterez.

 

 

Au troisième jour de marche, les muscles commencent à tirer. Le retour se fait tranquillement jusqu’aux chutes de Nevada et de Vernal avant de regagner Yosemite Village et ses douches chaudes. Le sac allégé et les jambes fourbues, les randonneurs contemplent une dernière fois le coucher de soleil sur la Sierra Nevada, avant de rejoindre la civilisation. John Muir disait de Yosemite que c’était sans doute l’un des plus beaux endroits qui lui ait été donné de voir sur la planète. Après trois jours passés à parcourir ses sentiers et à découvrir ses sommets, Gizèle ne peut qu’acquiescer. D’autant que John ajoutait aussi « Dans la vie, les gens ont autant besoin de beauté que de pain ». À force de bouffer des flocons et de rêver de burgers, Gigi se rallie aussi à son avis. Décidément, quel homme ce John.