Inde : Ladakh, un baby trek chaotique en Himalaya

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  • 1/12 Village de Yangthang, Ladakh Village de Yangthang trekking ladakh

  • 2/12 Baby treck, Ladakh

  • 3/12 Monastère de Lamayuru, Ladakh Monastère de Lamayuru

  • 4/12 Vue sur Skindeyang, Ladakh Ladakh Skindeyang

  • 5/12 Lamayuru, Ladakh Lamayuru ladakh trek

  • 6/12 Moine boudhiste, Ladakh

  • 7/12 Village de Skindeyang, Ladakh Village de Skindeyang ladakh

  • 8/12 Baby trek, Ladakh

  • 9/12 Baby Trek, Ladakh Baby Trek

  • 10/12 Ladakh, Himalaya Ladakh Himalaya trekking

  • 11/12 Ladakh, Baby treck

  • 12/12 Ladakh, Croisement des fleuves Indus et Zanskar trek-ladakh-indus-zanskar

La solution la plus simple pour se rendre au Ladakh consiste à atterrir à Leh, puis à séjourner quelque temps dans la plus grande ville de la région, située à 3500 mètres d’altitude. Car oui, sachez qu’avant de pouvoir espérer « flâner » sur les bucoliques chemins ladakhis, il faudra vous « acclimater ». Pour info, l’acclimatation est un concept ahurissant qui consiste à propulser un groupe d’individus dans un environnement qui ne leur était, au départ, pas du tout destiné, et à attendre qu’ils s’habituent. Un peu comme un saumon que l’on aurait volontairement extirpé de sa rivière norvégienne pour le poser sur le siège avant d’une voiture non climatisée, roulant en plein cagnard sur l’autoroute des vacances. Soit il meurt, soit il survit et  devient ultra-résistant. Pour résumer : l’acclimatation est une souffrance.

Prendre tout à coup 3500 mètres de hauteur impose au corps un chamboulement que bien peu d’organismes (même en très bonne santé) parviennent à supporter. À haute altitude, votre tête est prise dans un étau, votre souffle est court, vos intestins se tordent de douleur, chaque pas vous coûte et il n’y a qu’une seule solution : boire et attendre. Que les alcooliques ne se méprennent pas : il faut boire de l’eau, des litres d’eau, en continu, pendant des heures.

Le premier jour donc, pas question de faire le moindre effort. Dans les guest houses de Leh, on croise alors d’innombrables Occidentaux livides, seulement vêtus d’un pantalon de rando zippé et qui se promènent une gourde à la main, l’œil torve et l’air hagard. On se croirait à Châtel Guyon, en Auvergne, en pleine saison de cure thermale. Sauf qu’ici, les curistes ne terminent pas leur séjour par une gigantesque soirée dansante. À Leh, les gens sont en transit. C’est seulement après l’acclimatation que les festivités commencent.

 

Au Ladakh, les sentiers de rando ne manquent pas

 

Une fois ces deux à trois jours de repos forcé terminés, il est temps pour les saumons de remonter la rivière. Les visiteurs s’éparpillent alors dans l’un des mille et un treks que compte la région. Grande traversée du Zanzskar en 21 jours, ascension du Stok Hangri (6500 mètres), plongée dans la vallée de l’Indus : les sentiers de rando ne manquent pas, et tous rendent justice à la majesté de la région. Pour les saumons irresponsables qui auraient passé ces derniers mois à se torcher la gueule dans les rivières norvégiennes à grands coups d’aquavit, reste l’option du « baby trek », un trek de trois à quatre jours dans la vallée du Sham, à l’ouest du Ladakh. Avec ses 4 à 5 heures de marche quotidiennes, le baby trek est selon les guides locaux, « d’une facilité déconcertante ». Aucun doute : « c’est de loin le trek le plus facile du Ladakh ». Sur place, les gens rient de bon coeur de votre inquiétude. À les écouter, c’est sûr : nul besoin d’être préparé pour se « promener » dans la vallée du Sham. Soyons clairs : même pour faire le baby trek, il vous faudra être bien entrainé.

Le climat semi désertique de la région confère une aridité surprenante aux paysages du Ladakh. De Skindeyang à Yangthang, le sentier alterne entre cols à plus de 4000 mètres, où flottent au vent des dizaines de drapeaux de prières tibétains et douces coulées vertes dans la vallée, où des torrents glacials traversent de paisibles villages de montagne. On s’habitue peu à peu au thermomètre invariablement bloqué à 30 °C. Des paysages lunaires défilent sous les yeux. Enfin acclimaté et parfaitement hydraté, on goûte au plaisir de la marche et à la splendeur des grands espaces. Comble du confort, des mules surentraînées portent nos lourds sacs à dos d’Occidentaux. Elles suivent nonchalamment les groupes de trekkeurs le long du chemin. Attention toutefois, les Ladhakis racontent qu’il n’y a rien de plus humiliant que de se faire dépasser par ses propres mules. Preuve irréfutable de votre manque d’entraînement, symbole du peu de résistance à l’effort dont vous faites preuve : se faire doubler par des mules reviendrait à perdre une course en sac contre un groupe de grabataires armés de déambulateurs. Et pourtant, croyez-nous, ce genre d’humiliation survient.

Le soir, une fois la journée de trek terminée, la température tombe enfin. Chez l’habitant ou à la lueur des frontales, on soigne patiemment ses ampoules avant de s’empiffrer de momos, des raviolis frits ou cuits à la vapeur, le plus souvent farcis aux légumes, végétarisme tibétain oblige. On arrose le tout de thé chaï parfumé à la cardamone. Le lendemain, il faudra repartir à l’assaut des cailloux et des monastères millénaires. Fourbu, on se glisse enfin dans son sac de couchage. Délice du sommeil. On rêve alors de saumons parcourant des rivières de lait de yack. C’est à notre tour d’être assis sur le siège passager. On se sent ultra-résistant. En route pour les vacances.