Indonésie : itinéraire à Florès, de Labuan Bajo à Maumere

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  • 1/15 Florès, Parc des 17 îles, Riung.

  • 2/15 Florès, Rizières en étoile.

  • 3/15 Florès, Village traditionnel près de Ruteng.

  • 4/15 Florès, Indonésie

  • 5/15 Florès, Sources chaudes.

  • 6/15 Florès, Pays Bajawa.

  • 7/15 Florès, Pays Bajawa.

  • 8/15 Florès, Indonésie

  • 9/15 Florès, Parc des 17 îles, Riung.

  • 10/15 Florès, Lacs sacrés du Kelimutu.

  • 11/15 Florès, Lacs sacrés du Kelimutu.

  • 12/15 Florès, Église catholique.

  • 13/15 Florès, Église catholique.

  • 14/15 Florès, Charles.

  • 15/15 Florès, L'arak, la boisson nationale.

« Flores, c’est pas Bali, c’est pas Lombok : c’est le Far-West. Pour traverser l’île, il vous faut un bon guide, une machette et une voiture aux pneus increvables. Une fois que vous avez ça, alors, le voyage commence et c’est sublime », explique, dans un grand éclat de rire, un guide belge installé depuis plusieurs années en Indonésie. Le ton exagéré est donné. Avant de s’armer d’une machette pour parcourir la route Trans Florès qui sépare la ville de Labuan Bajo, à l’ouest de l’île, de celle de Maumere, à l’est, il faut avant tout s’armer de patience. D’abord parce qu’il y a, à vol d’oiseau, environ 350 bornes entre les deux bleds mais que la route en lacets en compte le double. Ensuite parce que, comme sur toute bonne route pourrie qui se respecte, on roule à 40 km/h, pour éviter les pierres et les ornières. Enfin parce qu’il faut vérifier sans cesse le niveau d’essence de l’increvable véhicule pour ne pas tomber en rade au fin fond d’une rizière en étoile. Comme l’eau potable et le steak tartare, le gasoil est une denrée rare à Florès. Une fois ces banales précautions prises et l’interminable marchandage achevé, alors oui : « le voyage commence et c’est sublime ».

Petit, la peau tannée par le soleil, Charles est né à « Bajo », le diminutif de Labuan Bajo. Fils d’une famille catholique de sept enfants, il décide un jour de devenir chauffeur pour touristes. Même sans permis, rien n’est impossible en Indonésie. C’est sur le tas que Charles apprend à éviter les nids de poule et à manier le pommeau de vitesse. A 26 ans, il est aujourd’hui guide et détenteur du précieux papier rose. Charles fume autant de clopes qu’il parcourt de kilomètres sur la route transflorésienne. Et ça n’est pas peu dire. Pour traverser l’île catholique, il faut compter au moins cinq jours de voyage. Pour être à l’aise et multiplier les étapes, mieux vaut prévoir huit à neuf jours. Charles, lui, s’en fout. Il a tout son temps et il adore son île, du moment qu’il lui reste des Garam dans sa boîte à gants, ces clopes indonésiennes contenant plus de 30 milligrammes de goudron, à l’abominable goût de clou de girofle.

 

Partout, des églises rappellent qu’à Flores, 90% de la population est catholique

 

Des trois lacs sacrés du volcan Kelimutu, dont la couleur change régulièrement au cours des décennies, aux villages traditionnels du pays Bajawa, Florès surprend le visiteur. Les kilomètres défilent au compteur de la voiture de Charles. Adele et Lana del Rey résonnent dans l’autoradio. Une épaisse fumée de clope s’échappe de l’habitacle. Aucun touriste n’apparait à l’horizon, on est ici loin de Bali et de son flot de vacanciers. Puis le véhicule longe la côte de Riung et son parc national aux 17 îles pour s’enfoncer ensuite dans la jungle et atterrir au pied d’un des nombreux volcans encore en activité qui scindent l’île en deux.

Partout, des églises rappellent qu’à Flores, 90% de la population est catholique. Pourtant les rituels animistes sont encore légion. Pour construire une maison, pour épouser une femme ou simplement pour juger de la cohérence d’un projet professionnel, les habitants de l’île continuent de faire appel au chef du village et à sacrifier ensemble des coqs apeurés ou des buffles déchaînés. « C’est comme ça, ici, c’est pas comme chez vous », rigole Charles , avec sa dégaine de jeune cool un peu timide, son jean troué, son tatouage et son gel dans les cheveux. « Le jour où je trouverai une femme, il faudra que je la courtise, que je demande sa main à sa famille, puis qu’on se marie à l’église, entre catholiques. Ensuite seulement, on décidera d’habiter ensemble, de quitter le domicile de nos parents. Et là, le chef du village viendra et il fera couler le sang du coq sur le terrain de notre future maison. On fera une grosse fête pour célébrer tout ça. » Une énorme teuf célébrée sans doute à la florésienne, à grand coups d’arak, cet alcool de palme qui réveillerait même un coq sacrifié.

 

 
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