LA GRANDE BOUFFE : BALADE STREET FOOD À BRUXELLES

— par

  • 1/11 Josef, Friterie Tabora

  • 2/11 Streetfood, Bruxelles

  • 3/11 Friterie Tabora, Bruxelles

  • 4/11 Josef, Friterie Tabora, Bruxelles

  • 5/11 Bicky frites sauce bicky, sans supplément oignons

  • 6/11 Max, ABC poissonnerie, Bruxelles

  • 7/11 Soupe de poisson à 4 euros, Bruxelles

  • 8/11 ABC Poissonnerie, Bruxelles

  • 9/11 ABC Poissonnerie, Bruxelles

  • 10/11 Soupe de poisson / vin blanc, Bruxelles

  • 11/11 Friterie de la Chapelle, Bruxelles

 

« En Belgique, il existe 120 sauces à mettre sur les frites. Nous les Belges, on est des sauceurs, on ne rigole pas avec la samouraï », balance Josef, le fier vendeur de la friterie Tabora, en plein centre-ville de Bruxelles. Avec sa gouaille de marchand de poisson, sa casquette blanche vissée sur le crâne et sa petite moustache noire, Josef a plus l’air d’un gondolier vénitien que d’un friturier bruxellois. Qu’importe. Il accueille les curieux comme les habitués dans sa petite friterie nichée tout près de la Grand-Place et vend ses petits et grand paquets de frites à 4 euros, ses mitraillettes – l’équivalent d’un américain en France – et ses fricadelles bien chaudes à tout heure du jour et de la nuit. Les frites, si l’on en croit Josef, n’importe quel Belge est tombé dedans quand il était petit. À Bruxelles comme dans le reste du pays, on en mange donc en tout occasion, dès que l’envie de grignoter se fait sentir. Et on arrose le tout de sauce tunisienne, mafia, mayo ou samouraï. Consacrée «l’une des 10 capitales mondiales de la street food » par le site Internet Virtualtourist, Bruxelles ne doit pas seulement sa nomination à ses nombreuses friteries. Elle est aussi le royaume de la soupe de poisson dégustée en plein air et du bouillon de bigorneaux.

 

Pourtant, la ville n’a pas attendu que le terme « street food » se développe un peu partout dans le monde pour proposer à ces habitants de grignoter des spécialités locales au coin de la rue. « Il y a même beaucoup moins de friteries qu’avant », note Sandrine Mossiat, l’auteur du livre « Bruxelles sur le pouce », qui recense un grand nombre d’adresses de snacking dans la capitale belge. « Partout et de tous temps, sur tous les continents, là où les humains font du commerce, la cuisine de rue simple, rapide, bon marché a toujours existé. En matière de street food, Bruxelles n’est donc pas pas plus pionnière que Bangkok, Singapour, Vienne ou Mexico », tempère la journaliste.

Il suffit pourtant de se balader dans la capitale belge pour noter combien les adresses de petite restauration pullulent. Au 46 rue Sainte-Catherine, à deux pas du marché aux poissons, Max, un poissonnier installé là depuis 35 ans, a flairé le filon de la street food et a ouvert, il y a six ans, un comptoir en plein air. Depuis, à l’entrée de sa poissonnerie ABC, il sert, en autres mets, une soupe de poisson à 4 euros qui ferait pâlir d’envie n’importe quel amateur de poiscaille. Le bol fumant, rempli de bouillon jaune safrané, de king crabe et de moules, se déguste entre habitués, accompagné d’un bon verre de vin blanc. Ici, pas de place pour la déco branchée. Le comptoir est en bois, sans fioriture et un drapeau espagnol, un clin d’oeil aux origines castillanes du patron, trône fièrement à quelques mètres des clients.

 

« Ici, t’es pas au Donalds, on y met de l’amour et de la tendresse dans nos frites ! »

 

Mais comment la frite belge a t-elle pu conserver sa suprématie sur les frites de fastfood pourtant meilleur marché ? La réponse a un nom : la double cuisson. « Le Belge a eu l’idée de faire cuire les frites deux fois. C’est ça le secret », explique Josef entre deux commandes. « La première cuisson dans l’huile rend la frite molle, la 2ème la rend croustillante, parfaite pour être dégustée. Ici, t’es pas au Donalds hein ! On y met de l’amour et de la tendresse dans nos frites ! », s’emporte le friturier. Pour preuve, la Belgique compte le plus petit nombre de MacDonalds par habitants. C’est Quick, le géant belge, qui reste en tête, devant l’Américain. Mais même si, comme partout ailleurs, les fast-foods se développent dans la ville, les Bruxellois sont catégoriques : rien ne vaut un bon paquet de frites à la friterie du quartier.

 

Si la frite et ses sauces reste la reine de la cuisine de rue, Bruxelles compte aussi d’autres spécialités locales. Parmi elles, on recensera la gaufre liégeoise, richement arrosée de chantilly, qui bien qu’originaire de la ville voisine, fait le bonheur de visiteurs. On trouve aussi les caricoles, ces escargots de mer servis place de la Bourse qui baignent dans un bouillon de céleri et d’oignon et les croquettes aux crevettes du Laboureur. Au détour de quelques concerts et de certains festivals de musique, des foodtrucks, ces camions culinaires ambulants, commencent également à sortir leur épingle du jeu. Et pour les aventuriers du goût et des mélanges hasardeux, une seule solution : prenez une très grande inspiration et n’hésitez plus, demandez à Josef « un classique bicky frites avec triple sauce bicky, supplément oignons grillés et sauce joppie sur les frites. » Vous en redemanderez, foi(e) de locaux.