Le Toulouse du créateur de Colorblind Apparel, la marque de fringues qui monte

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  • 1/5 Le café de la Concorde, Toulouse Le café de la Concorde toulouse

  • 2/5 La Dynamo, Toulouse La Dynamo concert toulouse

  • 3/5 Le Père Louis, Toulouse Le Père Louis bar a vins a toulouse

  • 4/5 Restaurant le Solilesse, Toulouse Restaurant le solilesse a toulouse

  • 5/5 Quai de la daurade, Toulouse Quai de la daurade au bord de la garonne a toulouse

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Yann, j’ai 29 ans et je vis à Toulouse depuis 1994. Après des études de droit, je m’orientais plutôt vers une carrière diplomatique mais la vie en a décidé autrement. La crise et le manque d’emploi dans le secteur de la diplomatie aidant, j’ai finalement tout plaqué pour créer une marque de fringues, baptisée Colorblind Apparel.  En 2012, je me suis lancé dans la création de t-shirts mais je n’avais pas conscience de la saturation du marché au moment où j’ai décidé de démarrer ma propre marque. À posteriori, je vois cette relative naïveté comme un avantage car je n’aurais peut-être rien entrepris si j’avais eu conscience du challenge qui se présentait devant moi !

 

Comment est né le projet Colorblind Apparel ?

En réalité, Colorblind Apparel est d’abord un projet basé sur l’amour de l’art plus que sur celui des fringues. Je cherchais un support pour bosser avec des artistes, baigner dans ce milieu qui m’a toujours fasciné et en faire un business pour avoir une vie à peu près décente. Je voulais également créer quelque chose qui me permette de maintenir le contact avec l’étranger, de voyager, de travailler avec plein de gens différents, venus du monde entier. Depuis, je fais des t-shirts en collaboration avec des artistes, des bonnets, des sweats et des tote-bags.

 

Pourquoi avoir choisi ce nom de Colorblind Apparel ?

Le mot « colorblind » à deux significations en anglais. La première veut dire « daltonien », ce qui revêt un caractère intriguant pour une personne qui ne connaît pas encore la marque et son positionnement. La seconde, plus intéressante à mon goût, signifie que lorsque l’on est  «colorblind », on ne discrimine pas les gens en fonction de leur couleur de peau. Je trouvais ça parfait pour une marque que je voulais multiculturelle, moderne, ouverte vers des idées nouvelles et vers le monde.

 

Revenons à ta ville, Toulouse. Comment la décrirais-tu à nos lecteurs ?

Toulouse a un côté très populaire. Les gens d’ici sont des bon vivants, extrêmement chaleureux. Et la gastronomie régionale n’est certes pas très légère mais elle reste très honorable. L’ouverture de la ville à l’international ces dernières années commence à porter ses fruits. Les mentalités évoluent vers plus d’ouverture sur le monde extérieur et la vie est de plus en plus agréable ici. Toulouse a désormais un vrai côté cosmopolite, digne d’une grande ville. Culturellement, il se passe plein de choses. On compte pas mal de musées, de festivals internationaux, de théâtre, de cinémas d’art et d’essai et de salles de concerts qui sont sans doute parmi les meilleures de France. La réputation de l’orchestre national de musique classique n’est plus à faire. Toulouse est donc passée en quelques années du statut de gros village bruyant et indiscipliné à celui de métropole internationale accueillante. Mais heureusement, elle conserve encore un certain mystère. Il suffit de se perdre dans les petites rues du quartier Saint Étienne ou des Carmes, et de se glisser discrètement dans les cours intérieures des maisons pour se rendre compte de sa finesse architecturale et des secrets qu’elle peut encore réserver.

 

Peux-tu nous donner quelques unes de tes meilleures adresses à Toulouse ? Pour commencer, où flâner dans la ville rose ?

Le quai de La Daurade offre l’occasion aux locaux comme aux touristes de déambuler le long de la Garonne. J’aime bien m’y poser en fin de journée ou m’y balader les weekends lorsqu’il fait beau. C’est un coin parfait pour s’asseoir dans l’herbe ou sur les marches en pierre au bord de l’eau. On lit un bouquin ou on boit une bière entre potes au coucher du soleil. C’est un peu kitsch mais c’est vrai ! La vue sur la coupole de l’hôpital la Grave et sur le Pont Neuf est sublime et en plus, il y a un vrai panorama, c’est dégagé, ce qui n’est pas fréquent à Toulouse où les rues ont souvent l’air de ne faire que quelques centimètres de large.

 

Et où prendre un bon apéro post-promenade ?

Il y a deux bars que j’aime beaucoup pour boire l’apéro : le Père Louis qui est d’ailleurs plutôt un bar à vins et le Café de la Concorde. Le Père Louis existe depuis plus de 100 ans, c’est une institution à Toulouse. Il s’agit d’un minuscule bistrot dont la particularité, depuis 1889, est de servir de la liqueur de Quinquina, un arbuste d’Amérique Latine connu pour son pouvoir antipaludéen. C’est un lieu au cachet et à l’atmosphère unique, où les aviateurs de l’aéropostale comme Mermoz, Saint-Exupéry ou Guillaumet aimaient se retrouver pour boire un verre. Pour moi, ce bar, avec ses peintures au plafond, son comptoir en zinc et ses tonneaux de vins qui servent de table aux clients est un voyage à lui tout seul. C’est l’endroit parfait pour manger une une omelette aux cèpes à se damner, accompagnée d’un bon rouge servi dans un verre de la taille d’un dé à coudre, le tout en discutant avec le patron. Un régal.

 

Et qu’en est-il de ton autre bar préféré, le Café de la Concorde ?

Selon moi, le Café de la Concorde est tout simplement l’autre institution des bars toulousains. Il date de 1883 et c’est sans doute l’un des plus vieux de la ville. On ne peut que succomber à son charme. Son architecture est sublime, il y a de magnifiques colonnes à la peinture écaillée et un plafond qui semble toucher le ciel tant il est haut. Ce que j’aime au Café de la Concorde comme au Père Louis, c’est que ce sont des bars typiques du quartier des Chalets. Ils ont une clientèle d’habitués auxquels s’ajoutent quelques touristes perdus venus se balader dans des rues qui n’apparaissent pas sur les guides touristiques. L’ambiance est bonne, la terrasse est vraiment l’une des plus agréables de Toulouse. Les murs du café sont tapissés d’affiches anciennes. Quand on entre, on a l’impression d’être projeté dans les années 30. J’aime les endroits qui ont une âme, et je pense clairement que celui-ci en a une. En plus, le mythique Marché Cristal a lieu à cent mètres de là six jours par semaine.

 

Ensuite, une fois que l’on a bu tous ces verres, où aller pour bien manger dans la ville rose ?

Après un bon apéro, si on veut vraiment se faire plaisir, je conseille le restaurant le Solilesse, rue Peyrolières. Le lieu propose des plats très variés, préparés avec des produits locaux et accompagnés d’une excellente carte des vins. C’est un restaurant plutôt cosy, mais qui cache bien son jeu, car le chef ressemble à un punk, il fait deux mètres de haut et il n’hésite pas à venir discuter avec la clientèle dès qu’il en a l’occasion. Tout ça avec une crête rose sur la tête et une voix de bérurier noir qui sortirait d’un concert de deux heures. Il faut le voir pour le croire ! J’aime l’idée de me faire servir par le front man des Sex Pistols dans une ambiance tamisée, où l’on se sent comme chez soi. Le service est extra, les conseils toujours judicieux et le sourire est là. Bref, c’est un lieu où l’on prend du plaisir en mangeant. En plus, on y boit bien. Bacchus n’a qu’à bien se tenir ! Par contre, il faut bien l’avouer, la note est un peu salée.

 

Et enfin, où finir cette si belle journée / soirée toulousaine ?

Après ces bars à l’ancienne, ce quai à l’eau de rose et ce restaurant de punks en cravate, où peut-on bien finir la nuit ? À la Dynamo, pardi ! C’est une salle de concerts qui n’a pas d’équivalent en centre-ville. Malheureusement, le lieu va fermer en février 2015, pour rouvrir ailleurs, mais on ignore encore où. La Dynamo est pour l’instant située dans une petite rue proche du Canal du Midi. L’endroit est sympa car il reste à taille humaine. La scène est petite, la salle biscornue, l’atmosphère parfois torride avec son petit tunnel, ses graffitis plein les murs et son coin fumeurs. Ça me rappelle les Pays-Bas ou Berlin. Niveau concert, la programmation est top. Ça va du punk, au gros sludge américain, en passant par du funk, du hip-hop, ou des soirées électro remplies de graines de DJs et de labels de musique dopés aux bon goût. De quoi finir bien tard et amplement satisfait(e) cette très grosse journée toulousaine !