Maroc : rando dans les vallées du Toubkal, au royaume des trekkeurs

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  • 1/12 Vallée de Goundafa , Atlas marocain

  • 2/12 Nuit en bivouac, Atlas marocain

  • 3/12 Un agriculteur, Tizgui n’Tkent

  • 4/12 Trek dans les vallée du Toubkal, Maroc

  • 5/12 Pause thé à la menthe , Toubkal

  • 6/12 Femmes du village de Tizgui n’Tkent, Atlas marocain

  • 7/12 Les bugnes, Vallées du Toubkal

  • 8/12 Vue sur les cultures en terrasse , Toubkal

  • 9/12 Village de la vallée de Goundafa , Atlas

  • 10/12 Le petit déj, Toubkal

  • 11/12 Toubkal, Atlas marocain

  • 12/12 Les couleurs ocres de la vallée, Toubkal

 

Le front dégoulinant de sueur, les jambes douloureuses, le souffle court, vous apercevez au loin le village d’Amzourni, perché à 1600 mètres. La carotte au bout du bâton, la promesse d’une douche et d’un bon thé à la menthe. Car depuis quatre heures, le trekkeur valeureux que vous êtes a commencé son périple au cœur de l’Atlas marocain. Des montées, des descentes. Le vide désertique. Et là, au détour d’un virage, alors que vous avez déjà perdu deux litres d’eau, au milieu du rien, un paysage magnifique vous explose à la gueule. Le mot « oasis » prend enfin tout son sens. Au milieu des collines ocres et arides, une coulée verte, des noyers, un ruisseau. Le décor de « Manon des sources » ? Un mirage ? Non, Amzourni. Le genre de lieu paradisiaque que l’on retrouve un peu partout dans l’Atlas et qui constitue à lui seul la récompense d’une matinée sportive.

 

Les muletiers et leurs mules, qui portent vos sacs et la nourriture, sont arrivés bien avant vous, comme toujours. Ali, le cuisinier, est déjà aux fourneaux. Ahmed, le guide, prend la parole et profite de ce moment de calme pour raconter un peu sa vie : né dans ces montagnes, il a été formé par un Français pour devenir guide. Sa formation et son métier lui ont permis d’envoyer ses cinq enfants étudier, et de construire un gîte où il accueille les touristes. « De plus en plus d’Allemands viennent trekker ici. Les Français sont moins nombreux. On a l’impression qu’ils ont peur de venir », regrette-t-il. Mais ni lui, ni les acteurs locaux du tourisme ne baissent les bras. Après un bon repas et un thé à la menthe, il est temps de repartir. Il reste encore trois heures de marche.

 

On vide chaque matin un tube de crème solaire indice 50

 

Six heures de rando par jour en moyenne, des nuits chez l’habitant dans des villages perchés. Ahmed nous guide pendant six jours sur son territoire. Une constante : la chaleur. Ici, on vide chaque matin sur sa peau un bon tube de crème solaire indice 50. Qu’importe. Après l’effort, le réconfort. Mohammed, Brahim, Ahmed et les autres nous accueillent chez eux au fil du périple, entre 1600 et 2300 mètres d’altitude. On se moque des problèmes gastriques des uns et des coups de soleil des autres. L’accueil est toujours chaleureux, les lieux simples.

Au troisième jour de marche, les sommets de l’Atlas apparaissent, et avec eux la neige. Car oui, non seulement il neige au Maroc, mais la plus haute station de ski d’Afrique du Nord, Oukaïmeden, se trouve ici, sous – ou plutôt au-dessus – de nos yeux, à 3600 mètres d’altitude. Pour la première fois de sa vie, on rêve de se rouler dans la neige entièrement nu(e) tellement il fait chaud. Mais en cette saison, point de de ski ni de naturisme. Juste le temps de prendre une pause sous un arbre avant de repartir. Cette journée est longue : la veille, lors de l’unique nuit en bivouac, un vent à décorner les cocus a soufflé dans la vallée, manquant d’emporter nos tentes. Heureusement, la vue époustouflante au réveil a fait vite oublier cette mésaventure.

 

On s’attendait à râler et à souffrir pendant six jours. Que nenni. Ce trek au Toubkbal nous rappelle une chose : oui, il est encore possible de ne pas s’ennuyer sans les réseaux sociaux. Et oui, tout accro à Internet que nous sommes, nous pouvons encore passer nos journées à rêvasser, à laisser nos pensées vagabonder, à admirer le paysage et à nous endormir accroché(e) à notre tente au milieu des bourrasques. Ça fait même du bien. Un oasis dans la tempête du quotidien.