Tout d’abord, Haïti ça ressemble à quoi ?
Déjà, ça ne ressemble pas à la République Dominicaine, Tatie ! La présence imposante des montagnes surplombant des cultures au bord de l’eau vous frappera avant même l’atterrissage. Avec un point culminant à 2600 mètres, Haïti, cette « terre de hautes montagnes », apparaît comme l’exacte opposée de sa voisine insulaire : 25% de plaines, 75% de montagnes. Contre 60% de plaines en République Dominicaine. En bref, Haïti est le paradis des hikers des tropiques. Attention toutefois, la randonnée n’a pas encore été érigée en sport national. Ne vous attendez donc pas à trouver une véritable infrastructure dédiée au trek. En revanche, au sud, à l’ouest, au nord, partout les lagons vous attendent, histoire de digérer vos heures de grimpette. Qu’importe si vous avez triché en avalant le dénivelé en minibus ou en tap-tap, à Haïti, les eaux turquoise, c’est cadeau.
Quelle est l’atmosphère générale dans le pays ?
Haïti, est paraît-il « l’âme des Caraïbes ». En entendant cela, Gizèle a d’abord cru à un énième slogan touristique. Que nenni. L’artisanat y est très développé, l’histoire est omniprésente, la musique caribéenne est enivrante et les plages sont encore sauvages. Voilà pour le tableau. Côté échanges, disons que même s’ils savent que le tourisme assurera sans doute leur salut économique, les Haïtiens vous accueilleront d’abord avec méfiance. Beaucoup sont encore traumatisés par les années de présence onusienne et d’assistanat humanitaire. Ne vous avisez donc pas de dégainer votre appareil photo sans leur permission. Armez-vous de patience et de tact pour gagner leur confiance. Les belles rencontres valent bien ce petit effort. Et ne vous offusquez pas qu’on vous appelle le « blan ». Les « blans » désignent ici tous les étrangers, qu’ils soient noirs ou blancs.
Peut-on voyager seul(e) à Haïti ?
Espérer voyager à Haïti en mode backpacker relève encore aujourd’hui de la douce illusion. À moins de connaître des Haïtiens ou des expats sur place, Gizèle vous conseille de vous offrir les services d’un guide local. L’agence de tourisme Touris Lakay Haïti et l’agence Citadelle, basées à Port-au-Prince, vous aideront à organiser votre voyage et vos excursions à travers le pays. Adoptez les règles de sécurité de base, notamment à Port-au-Prince, et évitez de marcher seul(e) la nuit, en tout cas quand c’est possible. Côté logement, dans la capitale, les hôtels ne manquent pas. Les coups de cœur de Gizèle : l’hôtel Oloffson, une authentique – et mythique – maison d’artistes Gingerbread qui résonne chaque jeudi soir au son du rock vaudou et Le Plaza, une ancienne auberge située sur le Champ de Mars qui a su conserver son charme désuet, le wifi en plus.
Où dormir dans le reste pays ?
Dans le reste du pays, l’hôtellerie n’est pas donnée. La rareté a un prix et la survie des Haïtiens aussi. Le pays compte aujourd’hui 10 000 chambres d’hôtels seulement, dont 40% correspondent aux standards internationaux. Une statistique qui ne doit pas vous refroidir. La preuve, fin 2015, un ancien hôtel à l’abandon, situé à 1h30 de Port-au-Prince, a fait peau neuve. Il s’appelle aujourd’hui le « Club Lookéa Magic Haïti ». Vous voilà transportés sur la côte des Arcadins, les fesses dans le sable blanc, un verre de rhum à la main, les yeux perdus dans l’immensité de la mer des Caraïbes. Délice. Vous entendez déjà le bruit des vagues ? Alors foncez. Et n’hésitez pas une fois là-bas à rejoindre « les chemins de Montrouis », une promenade entre rizières et bananiers, qui vous en apprendra beaucoup sur la nature haïtienne. Jean-Roger, moniteur de voile et prof de tennis, vous guidera au gré des « feuilles ». Vous saurez tout sur les remèdes naturels pour combattre vos maux.
Y’a quoi d’autre à faire dans le reste du pays ?
Allez donc faire un tour du côté du Cap-Haïtien, la petite Nouvelle-Orléans des Caraïbes, de la Citadelle et du Palais Sans Souci classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. Arrêtez-vous également à Jacmel et son bassin bleu, au Môle-Saint-Nicolas, sur l’Ile-à-Vaches et du côté de la plaine du Cul-de-Sac et de sa distillerie Barbancourt. Enfin, faites une halte au village de Noailles pour découvrir les œuvres de ses artistes ferrailleurs. Dernier conseil, si l’occasion se présente, foncez voir un combat de coqs. S’ils ne sont pas forcément ouverts aux touristes, ces combats sont un must-see haïtien. Promis, le sang n’y coule pas à flots. Pour vous permettre de visiter tout ça, une dizaine d’aéroports régionaux assurent le transfert depuis la capitale en « avion taxi », des engins qui comptent une vingtaine de places. Sachez qu’il faut environ 25 minutes de vol pour relier le Cap-Haïtien depuis Port-au-Prince.
On mange et on boit quoi à Haïti ?
Attendez-vous à goûter à une cuisine caribéenne « piquée », pour ne pas dire « épicée ». À Haïti, les accras de malanga, une sorte d’igname, côtoient le porc frit accompagné de banane plantin en beignets, le lambi créole (un gros coquillage), le cabri et le djon djon, un champignon local. En dessert, s’il vous reste de la place, commandez donc un pain patate, un gâteau à la patate douce et au lait de coco. Côté cuisine de rue, fondez pour le fresco, une glace râpée devenue la gourmandise des écoliers. Et puis, à l’Habitation Turpin, à Pétionville, laissez-vous tentez par « la chatte rouge accompagnée de sa banane bien mûre ». Gizèle vous laisse imaginer le rendu. Au rayon des boissons, deux solutions s’offrent à vous histoire de faire passer tout ça : la bière Prestige ou le « rhum sour », élaboré à base de rhum Barbancourt, un alcool 100% haïtien. Située dans la plaine du cul-de-sac, la distillerie Barbancourt est d’ailleurs ouverte aux visiteurs. Gizèle y a croisé des tonneaux de chêne et des verres de dégustation. C’est tout ce dont elle se souvient. Le reste lui a laissé la tête dans les étoiles. D’ailleurs, sachez que le « 5 étoiles Barbancourt », 8 ans d’âge, est un must que vous pourrez goûter sur glace.
Dollar, gourde, pesos, euro, quelle est la monnaie haïtienne ?
Un conseil : arrivez à Haïti avec des dollars. Les locaux vous en seront reconnaissants. Vous récupérerez ensuite des gourdes (Gizèle en rigole encore), la monnaie locale, au gré de vos achats. Pour vous donner une idée, un dollar vaut environ 40 gourdes et le salaire moyen haïtien équivaut à 6000 gourdes, soit 120 dollars. Préparez-vous aux calculs mentaux. D’autant qu’il existe une troisième monnaie en cours : le dollar haïtien. Une monnaie « virtuelle », au taux de change encore différent. Pour contrer cet afflux de piécettes et vous éviter quelques désagréments, demandez toujours aux vendeurs si les prix sont affichés en dollars haïtiens ou américains. L’expression « ne me mêle pas » (« ne m’arnaque pas ») vous aidera également à ne pas payer une fortune votre carte postale pour Tatie. Quant au trajet en tap-tap de l’aéroport au centre-ville de Port-au-Prince, sachez qu’au-delà de 10 gourdes, c’est vous qu’on prend pour une gourde.