Ce soir, aux platines, c’est une djette électro qui rythme la soirée. Un dance floor s’improvise au milieu des grands panneaux colorés représentant les espèces en voie de disparition. A quelques mètres des enceintes saturées, un groupe de hipsters à grosses barbes et à chemisettes à carreaux sirotent des mojitos. Bears californiens VS Pandas chinois, un hasardeux mélange d’espèces animales se côtoie ce soir. Bienvenue au musée des sciences naturelles de San Francisco pour la Nightlife hebdomadaire.
L’initiative ferait pâlir d’envie n’importe quel directeur de musée français. Depuis quelques années, l’Académie des sciences de Californie propose, tous les jeudis soir, de visiter le musée autrement. A l’entrée, législation américaine oblige, il faut montrer patte blanche. Les moins de 21 ans ne sont pas admis à ces vernissages géants. Une fois à l’intérieur, le musée est le même qu’en journée : dans le tunnel de l’aquarium, les raies manta se la donnent au milieu des piranhas et les papillons tropicaux volètent tranquille autour des quatre étages de biosphère reconstituée. Sauf que les visiteurs eux, ont changé. Si le mercredi est le jour des enfants, le jeudi est le soir des trentenaires. Dès 18h00, les 9870 m2 du lieu leur sont entièrement réservés et l’on peut observer des grappes de San Franciscains venus là pour savourer un sandwich agrémenté de bière fraîche.
Dans le jardin du muséum, c’est carrément le Club Med. Garçons et filles se lancent dans une tournante rageuse autour des deux tables de ping-pong plantées là pour l’occasion. Un groupe de rock donne de la voix pendant qu’un requin à roulettes visiblement mal télécommandé (ou ivre?) se heurte à toute blinde au caisson de la batterie. De quoi bien faire marrer les testeurs de bières locales, réunis un peu plus loin autour du brasseur. Ce joyeux bordel de gens pompette prend fin vers 22h00 et l’on se prend à rêver d’une bière bien fraîche au Musée d’Orsay, et d’une ribambelle de robots télécommandés s’encastrant dans l’Origine du monde de Gustave Courbet.