Andalousie : un sacro-saint week-end à Séville entre processions et corrida

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  • 1/18 Nazaréen, Séville

  • 2/18 Procession de la semaine sainte, Séville

  • 3/18 Semana santa, Séville

  • 4/18 Procession , Séville

  • 5/18 Semaine sainte, Séville

  • 6/18 Semaine sainte, Séville

  • 7/18 Semaine sainte, Séville

  • 8/18 Pause tapas après la procession, Séville

  • 9/18 Corrida, Séville

  • 10/18 L'entrée des arènes, Séville

  • 11/18 Corrida, Séville

  • 12/18 Corrida, Séville

  • 13/18 Corrida , Séville

  • 14/18 La foule dans les gradins, Corrida

  • 15/18 Corrida, Semaine sainte

  • 16/18 Le mouchoir blanc, Corrida

  • 17/18 Corrida , Séville

  • 18/18 Corrida , Séville

Sang du christ et macarena aux processions sévillanes

 

Samedi saint dans la capitale andalouse, à l’heure de la sieste. Rien ne laisse présager du spectacle qui nous attend, à l’exception des nombreux labyrinthes de barrières bordés de tapis bordeaux. Comme chaque année depuis cinq siècles, la semaine a été forte en émotions pour les Sévillans. La veille, le jour du Vendredi saint, les figures les plus vénérées de la ville, l’Esperanza de Triana, le Cristos de los Gitanos et la Macarena (la vierge, pas la danse de Mia Frye) ont défilé dans toute la ville, juchées sur leur improbable trône.

Pour ceux qui, comme Gizèle, ont fait la messe buissonnière, la semaine sainte est depuis le Moyen-Âge l’une des plus grandes célébrations catholiques et populaires du pays. Du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, des processions défilent dans la quasi-totalité des villes et villages d’Espagne pour commémorer le chemin de croix de Jésus. Aujourd’hui, il faut bien l’avouer, la semaine sainte est plus une fête nationale populaire où l’on hume l’air de la ville en mangeant des tapas qu’une occasion d’expier ses pêchés. Mais qu’importe ce changement de mœurs, l’ambiance reste incontestablement mystique.

Chaque jour, de l’après-midi jusqu’au soir, 50 000 personnes affublées de l’habit de pénitent – les Nazaréens – défilent masqués sous leur cagoule aux faux airs de Ku Klux Klan. Les confréries sortent exceptionnellement de leur église et toutes rejoignent la cathédrale sous l’œil des badauds et des habitants de la ville. Le parfum de l’encens emplit l’air et le son des cors et des tambours résonne. Le cortège avance au rythme de mélodies funèbres et des chansons flamencas que les Sévillans ont répétées toute l’année. Préparez-vous à une pluie de bonheur dans vos tympans de rockeurs.

Une fois cette expérience bibli-psychédélique achevée, faites comme les locaux : foncez savourer le sang du Christ et vous délecter de délicieux tapas dans les bars de la ville. Vous aurez le temps de vous remettre de vos pieuses émotions : la nuit du samedi saint, les bars restent ouverts jusqu’au petit matin. Une aubaine pour le divin pécheur que vous êtes.

 

 

Plongée vers le grand jour de la corrida

Le dimanche plus que les autres jours à Séville, laissez-vous vivre. Après avoir décuvé de votre folle soirée sainte, posez-vous en terrasse et accordez-vous un petit déj’ local : un verre de jus d’orange frais et un « pan con tomate » – de la pulpe de tomate fraîche accompagnée d’un trait d’huile d’olive sur du pain à l’ail. Avec en option spéciale, le supplément jambon qui fond dans la bouche.

Une fois requinqué(e), l’haleine presque fraîche, arpentez la ville et allez donc prendre vos places pour la deuxième grande rencontre des Sévillans avec le printemps : la première corrida de la saison. Sachez que les prix des tickets sont variables et dépendent de votre placement mais aussi et surtout de celui du soleil. Les sièges dans les gradins, plus éloignés, sont moins chers, tout comme les places « sol » , mais rendent les photos difficiles et les coups de soleil inévitables. Une place « sombra » , à l’ombre, un tantinet plus chère, est donc un luxe que Gizèle vous conseille de vous offrir .

Une fois le précieux ticket en poche, parez-vous de vos plus beaux habits du dimanche (d’autant que, comme Gizèle, vous aurez eu un peu honte la veille en étant à peu près le seul, avec Jésus, à être aussi mal fagoté) et gagnez la Plaza de Toros. Les jours de corrida, le spectacle se déroule aussi bien dans l’arène qu’à ses portes ou dans les gradins. C’est l’occasion pour les Sévillans de parader en famille ou entre amis et de partager ce deuxième point culminant de la semaine sainte.

Une fois à l’intérieur, imprégnez-vous de l’ambiance. Un orchestre rythme les temps forts de la corrida, du défilé à la mort des taureaux. Comme pour les processions, la musique est entrecoupée de silences remplis de gravité. L’atmosphère est solennelle et la foule réprimande chaque bruissement dans les gradins. À Séville comme dans toute l’Espagne, on ne rigole pas avec la corrida. Pendant deux heures environ, le cœur de 12 500 personnes va battre au rythme des grimaces du torero et du souffle de la bête. Seuls les soupirs de vos voisins qui ont trop retenu leur souffle, le crépitement des cigarettes qu’on allume et le claquement frénétique des éventails viennent troubler le silence.

En contrebas, le torero fait les pointes et parade tel un paon autour du taureau. La foule scrute chacun de ses pas et décortique mentalement ses gestes millimétrés. Beaucoup commentent le déroulé de la corrida en chuchotant à l’oreille de leur voisin. Au moment du dénouement, la foule se lève comme un seul homme et  applaudit à tout rompre la bravoure de la bête et l’expérience du torero. Assister à une corrida à Séville est un spectacle hors du commun, une expérience unique où l’on prend le pouls de la ville et où l’on embrasse de plein fouet l’âme tout entière de Séville. En un mot : magique.

Pour ceux qui ont également fait la corrida buissonnière, sachez qu’une corrida, c’est en général la mort de six taureaux. Si Gizèle a apprécié le spectacle, elle n’est pas pour autant restée jusqu’à la fin. Elle a vu le principal : le déroulé logique des choses, de l’excitation de l’animal à sa mise à mort, les cris des spectateurs huant et acclamant davantage les bêtes que les hommes, les mouchoirs blancs agités au moment fatidique, quand le taureau s’est bien battu et que le torero a pris des risques pour assurer le spectacle.

Ensuite, ivre de liesse et désireuse de chasser de son esprit la mort de l’animal, Gizèle a respiré un grand coup et a décampé de l’arène pour admirer le coucher du soleil sur les rives du Guadalquivir. Douceur de vivre andalouse.

 

Destination : Espagne | Rubrique : La Vie des autres

Tags : andalousie - religion

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