Sénégal : À Dakar, face aux faux lions de la Medina

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C’est le plus souvent dans une rue ou sur une place que les simb ont lieu. En général, les festivités commencent en fin d’après-midi et peuvent durer jusqu’à la tombée de la nuit. Les organisateurs installent des chaises et des bancs auxquels s’ajoutent quelques djembés, des tambours, un micro et des enceintes qui grésillent. Oreilles sensibles s’abstenir. Amateurs de gros db, accourez. Les percussionnistes et les chanteurs hèlent ensuite la foule qui s’amasse autour de la grande bâche délimitant l’arène. A l’entrée, les spectateurs ont le choix : acheter un ticket ou regarder le spectacle gratuitement, à leurs risques et périls. Une grande partie de l’intérêt du simb réside dans cet aspect là du « show » : plus qu’un ticket, ce bout de papier qui vaut une centaine de francs CFA (20 centimes d’euros environ), vous permettra d’éviter les foudres et la violence des faux lions s’ils vous démasquent. Mais attention ! Amis visiteurs, si vous pensiez vous prémunir en achetant votre ticket, soyez prévenus : les toubabs et les touristes sont des proies faciles. Ils amusent particulièrement le public et ont la réputation d’avoir la bourse plus fournie. Gare à vous donc !

 

Pendant que les spectateurs téméraires qui n’ont pas payé leur place se regroupent, les artistes se préparent loin des regards. Princes du bricolage et génies du déguisement, ils se font peu à peu rois des fauves. Une fois recouverts de peaux de bête et de bijoux, maquillés de teinte ocre et parfois parés de fausses dents, ils sont prêts à descendre dans l’arène.

Possédés par l’esprit du lion, les Simba Gaindé – les faux-lions en wolof -, surgissent à toute vitesse sur la place. Ils courent et effraient les passants. Au son des tambours, ils dansent parmi la foule. Les fauves affrontent ensuite les spectateurs qu’ils inspectent et défient du regard. Ces lions affamés sont à la recherche d’âmes à persécuter et d’argent à récupérer. Leur cible ? Ceux et celles qui n’ont pas payé leurs billets.

 

Vient le moment de l’affrontement

 

Vient le moment tant attendu de l’affrontement. Après quelques pas en rythme, les lions s’élancent dans la foule pour attraper leurs victimes. Celles-ci doivent alors danser. Si elles refusent, elle sont amenées au centre de la scène et humiliées devant tout le monde. Sans un mot, les simb les poussent, les secouent, leur mettent la tête dans une bassine d’eau ou leur étalent du sable mouillé sur la figure. Le programme des réjouissances dépend de l’humeur du faux lion. On ne va pas se mentir : le spectacle, plus sportif que celui de Guignol et Gnafron, est déconseillé à ceux qui, plus jeunes, balisaient devant Mickey à Eurodisney. Mais dans La Médina de Dakar, face à ces faux lions affamés, petits et grands se régalent et tout le monde en a pour son argent.

 

Pendant deux bonnes heures, les attaques des « lions » alternent avec les danses forcées des spectateurs. Si vous êtes pris, vous n’avez que deux moyens pour vous défendre : répondre par un bakk, un enchaînement de pas face au faux lion, qui vous répondra. Vous entrez alors dans une sorte de battle sénégalais. Autant dire que si vous n’avez jamais pris de cours de sabbar, la danse traditionnelle locale, ou que vous n’avez pas passé votre enfance à la Medina, vous pouvez déjà oublier cette option. Mais si vous parvenez à dompter le fauve au rythme de vos pas saccadés, il se prosternera, à quatre pattes, en signe de soumission. L’autre option consiste à raquer, même si vous avez déjà payé votre ticket. Et les rois de la jungle n’acceptent évidement pas les pièces. Une seule solution : glisser un (petit) billet de 500 ou de 1000 FCFA (environ un euro) dans la gueule du lion. Il est aussi courant de voir des personnes donner un billet aux batteurs, qu’ils attrapent volontiers du bout des lèvres.

 

 

Destination : Sénégal | Rubrique : La Vie des autres

Tags : culture - danse - sénégal

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