Maroc : Tanger, l’ex bad girl à l’assaut du cool

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  • 4/16 Dar Nour, Tanger dar-nour-tanger-maroc

  • 5/16 Face à Gibraltar, Tanger

  • 6/16 La Medina, Tanger medina-tanger-maroc-gizele

  • 7/16 Tanger Med, Maroc tanger-med-tanger-maroc

  • 8/16 Tanger, Maroc tanger-maroc

  • 9/16 Face à Gibraltar, Tanger maroc-tanger-detroit-gibraltar-gizele

  • 10/16 Grand Socco, Tanger grand-socco-tanger-maroc

  • 11/16 Tanger, Maroc tanger-maroc

  • 12/16 Café Hafa, Tanger Café Hafa Tanger Maroc

  • 13/16 Cap Spartel, Maroc maroc-cap-spartel-tanger

  • 14/16 Cap Spartel, Tanger spartel-tanger-surf-maroc

  • 15/16 Cap Spartel, Tanger surf-cap-spartel-tanger-maroc

  • 16/16 La Médina, Tanger Tanger-medina-maroc

 

C’est un dimanche comme les autres à la Cinémathèque de Tanger. Comme chaque week-end, entre ces murs pastels décorés de vieilles affiches de ciné,  enveloppés par les réconfortantes odeurs de tartes aux légumes tout juste sorties du four, les Tangérois branchés viennent goûter au charme follement suranné du lieu. Éparpillés dans le café qui jouxte la salle de projo, des étudiants fument des clopes en enchaînant les thés à la menthe. Casquette à l’envers pour les garçons, lunettes de soleil pour les filles, les groupes se regardent, se toisent et se draguent aussi, souvent. Un peu plus loin, assis seul dans un vieux fauteuil de ciné, un homme d’une soixantaine d’années fume un cigarillo en lisant la presse francophone. Tiré à quatre épingles, les cheveux blancs parfaitement gominés, il reste imperturbable malgré les rires des jeunes loups de la chope. À quelques mètres de lui, un groupe de journalistes discute sous une grande affiche en quatre par quatre annonçant le programme hebdomadaire du ciné. Au menu ce week-end : tarte épinards-féta au comptoir et cycle spécial cinéma africain en salle. Alléchant. Bienvenue à Tanger, ville marocaine magique, posée à flanc de falaise, face au mythique détroit de Gibraltar.

 

« Tanger reste une destination de privilégiés », explique Philippe, le gérant de la chambre d’hôtes Dar Nour, sublime demeure labyrinthique enfouie depuis 10 ans en plein cœur de la médina. « La ville n’a rien à voir avec Marrakech ou Agadir. Il y a beaucoup moins de touristes que dans le reste du Maroc. Et les gens qui séjournent ici viennent souvent s’imprégner de l’histoire intellectuelle et culturelle de la ville. »

Théâtre d’improbables bagarres d’ivrognes, haut lieu de la prostitution et zone internationale de non droit, Tanger a longtemps pâti de sa réput’ de bad girl.  Centre momentané de la culture beatnik, la cité marocaine a vu débarquer dans les années 1950 pas mal d’écrivains et d’intellos en fuite. Parmi eux, l’infatigable routard Jack Kerouac a posé ses valises dans la médina. Autre hobo adepte de la ville, l’américain William Burroughs, l’auteur du Festin Nu, s’est réfugié ici après avoir tué sa femme lors d’une improbable et sans doute très arrosée partie de fléchettes. On imagine tout ce beau monde ivre, dissertant dans les cafés du Grand Socco, la principale place de la ville.

 

Fini les putes et le mauvais whisky, Tanger s’est assagie.

 

Aujourd’hui, Tanger a grandi. Fini les putes et le mauvais whisky, la douce s’est assagie. Il fait bon se perdre dans sa médina, longer les étals du marché du Petit Socco avant de descendre vers ses docks s’approvisionner en poisson pour le déjeuner. Le soir, comme tout bon Tangérois qui se respecte, on assiste, médusé, au coucher de soleil depuis la terrasse du café Hafa en savourant un thé à la menthe. Délice. Douceur. Il paraît que les Stones y avaient leurs habitudes. L’Espagne n’est qu’à quelques kilomètres. Les jours de beau temps – nombreux -, on voit même les familles tangéroises se presser le long de la falaise pour contempler les rives de leur chimérique voisine. On vient là pour passer le temps. La vue du détroit de Gibraltar semble être la version populaire de la salle de projo de la cinémathèque. Parfois, on s’y drague aussi, timidement, entre les gosses qui courent, les grands-mères fatiguées assisses contre de gros rochers et les marchands de pop-corn à l’affut d’un hypothétique client.

« La vieille ville a peu changé. Elle est restée comme elle était il y a 30 ans. C’est aussi ça la force de Tanger et ce que la plupart des visiteurs viennent chercher ici », confie Philippe, depuis la terrasse du toit du Dar Nour. Jean-Olivier et lui, fiers gérants de la chambre d’hôtes, ont flairé très tôt le potentiel hallucinant de la ville. Anciens journalistes débarqués de Paris il y a sept ans, ils ont su insuffler un nouvel élan culturel à Tanger. Chaque chambre est unique dans cette vieille maison tout en hauteur de la médina, décorée d’objets chinés, de vieux livres et de lampes branlantes. Les voyageurs viennent y trouver le calme et la quiétude que peu de lieux proposent. Les artistes en mal d’inspiration, comme le chanteur Arno, s’y retrouvent en basse saison. Certains choisissent même le Dar Nour pour se marier, comme en témoigne le beau livre de photos « Dar Nour Project », nonchalamment posé sur une table basse marocaine.

 

Mais la pépite absolue, le must-do de l’été indien pour les amateurs d’électro et de grosses soirées reste le festival des Nuits sonores de Tanger.  Sur le modèle des NS de Lyon, le rendez-vous musical français s’exporte au Maroc pendant quatre jours, au début du mois d’octobre. La jeune scène frenchie se mêle alors à la scène marocaine pour faire de Tanger la capitale du cool et de la fête. Pour quelques heures, la bad girl tangéroise retrouve le faste et les habitudes débridées d’antan, pour le plus grand bonheur de ses habitants.

 

Destination : Maroc | Rubrique : La Vie des autres

Tags : festival - hotel - maroc - musique

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