Teufelsberg, une bien étrange montagne aux portes de Berlin

— par

  • 1/12 Teufelsberg, Berlin

  • 2/12 Teufelsberg, Berlin

  • 3/12 Teufelsberg, Berlin

  • 4/12 Teufelsberg, Berlin

  • 5/12 Teufelsberg, Berlin

  • 6/12 Teufelsberg, Berlin

  • 7/12 Teufelsberg, Berlin

  • 8/12 Teufelsberg, Berlin

  • 9/12 Teufelsberg, Berlin

  • 10/12 Teufelsberg, Berlin

  • 11/12 Teufelsberg, Berlin

  • 12/12 Teufelsberg, Berlin

Pour les familles berlinoises, Teufelsberg est une merveilleuse balade dominicale. Sitôt sortis du S-Bahn à la station Heerstrasse, les blonds enfants se mettent à courir au milieu des chênes tandis que les blonds parents se donnent amoureusement la main le long du chemin. La forêt de Grunewald sent l’herbe fraiche et la liberté. La vie semble merveilleuse. Mais au sommet de la colline, d’étranges bâtiments font de l’œil au visiteur. Et rares sont les blondes familles à s’y aventurer.

Avec ses dômes en forme de balles de golf géantes et ses murs couverts de graffs, Teufelsberg a des airs de vieille usine désaffectée. Sa localisation et son histoire sont bien plus fascinantes que cela. Peu avant la guerre, Adolf Hitler entreprend d’y faire construire une université militaire nazie pour enseigner l’art de la guerre et du nationalisme à des jeunes recrues fascinées. Mais vient le temps des combats et de la défaite du Fuhrer. Au moment de la reconstruction de Berlin, les Allemands ont une idée lumineuse pour cacher à la face du monde les brillantes idées d’Hitler : ils font de Teufeslberg une colline artificielle. Avec les gravats de la ville, ils ensevelissent l’université comme on cache la poussière sous le tapis du salon. Aujourd’hui, sous les pieds des marcheurs du dimanche, 12 000 m3 de gravats sont paisiblement entreposés.

 

Un centre de méditation pour David Lynch

 

Pendant la Guerre froide, les Américains construisent un centre d’espionnage au sommet de la colline. L’architecte cache les radars nécessaires aux écoutes dans les énormes boules blanches qui surplombent le bâtiment. Un cruel manque de discrétion dont les Américains se foutent : ils ont gagné la guerre, ils sont donc invincibles.

La Guerre Froide terminée, Teufelsberg périclite. Quelques hippies en mal d’alcool bon marché tentent en vain d’y planter des vignes. Sans succès. Au début des années 90, un promoteur immobilier aux poches remplis de billets rachète l’endroit pour le transformer en site touristique. Une fois encore, l’idée n’aboutit pas. Dernière extravagance en date : en 2007, le réalisateur David Lynch annonce qu’il veut faire de Teufelsberg un centre de méditation transcendantale. Faute d’onde positive (et d’accord de la municipalité), le projet tombe une nouvelle fois à l’eau.

 

Entrée interdite mais accès toléré

 

Pour arriver jusqu’aux bâtiments, mieux vaut longer l’ancienne route empruntée par les employés américains. Si l’entrée est formellement interdite, l’accès est tout à fait toléré. Des ouvertures sont pratiquées à intervalles réguliers dans le grillage qui encercle le lieu et le visiteur n’a qu’à se faufiler pour pénétrer dans l’ancien centre. Une fois à l’intérieur, il règne une atmosphère étrange. Des bruits métalliques s’entremêlent avec le sifflement du vent dans les bâches éventrées des dômes. Partout, les murs sont recouverts de graffs du sol au plafond. Un ancien terrain de basket, vestige du rêve américain, repose entre deux bâtiments.

L’endroit à ne pas louper reste sans conteste le toit du bâtiment principal. Arrivé sur la gigantesque terrasse de plus de mille mètres carrés, le visiteur embrasse une vue à 360 degrés sur Berlin et ses environs. Avec ces gigantesques dômes blancs, l’accumulation des graffs sur la moindre parcelle de béton et le souffle du vent dans les coursives, le lieu dégage une atmosphère surréaliste, presque hors du temps. Seul les cris des blonds enfants jouant au football en contrebas viennent troubler le charme du lieu.