Gizèle au supermarché de La Havane, à Cuba

La série « Au Supermarché » d’Allez Gizèle, c’est l’anti épicerie fine. Parce que flâner dans les rayons d’un supermarché en voyage, c’est découvrir l’autre gastronomie d’un pays, celle qu’aucun guide ne recensera jamais, Gizèle vous fait faire le tour du monde des têtes de gondole. Au menu aujourd’hui : La Havane, à Cuba. Un pays où les familles s’approvisionnent en aliments de base dans des boutiques tenues par l’État et où, forcément, les supermarchés sont plus « marché » que « super ».

 

 

01 rhum Planchao

La brique de rhum Planchao

Les borrachos français ont la vinasse La Villageoise, les Cubains ont le rhum Planchao. Doté d’une identité visuelle esclavageo-macho façon « Tenez mon bon maître, pour vous remettre de ces coups de fouet qui vous ont fatigué le poignet » et coincé entre les délicieuses bouteilles de Havana Club et de Santiago cinq fois moins chères qu’en France, le rhum Planchao constitue un véritable défi moral et gustatif pour le voyageur. Je m’embourgeoise ? Je m’embourgeoise pas ? Je crois au socialisme ? J’y crois plus ? Je vomis ? A son crédit, son design pratique de brique TetraPak© permet de le glisser facilement dans toutes les poches du sac à dos. Un doute cependant : tout est écrit en anglais. Marketing grossier ou parachutages américains d’alcool frelaté pour ramollir les troupes comme le général Tapioca dans Tintin et les Picaros ? 90 centavos de pesos convertibles, soit 65 centimes d’euros.

 

 

02 jabon Princesa

Le « jabón » râpé Princesa d’origine 100 % naturelle

Traquenard à l’attention des hommes d’affaires en goguette, qui veulent ramener du typique à peu de frais à Madame, restée dans le pavillon familial de Rueil-Malmaison. Le cadeau idéal pour faire oublier leurs fins de soirées caliente cravate sur la tête dans les discotecas havanaises. « Chérie, ma Princesa, ma Princesse, je sais comme tu aimes la charcuterie et le fromage, j’ai écumé La Havane et je t’ai trouvé le cadeau qui te correspond parfaitement : du jambon qui ressemble à de l’emmental râpé, qui s’appelle Princesa comme tu es ma princesse, 100 % naturel comme toi qui ne t’épiles plus depuis 15 ans. » Aïe aïe aïe. « Les enfants, prenez vos manteaux, on s’en va. En espagnol, jabón ça veut dire savon, connard. » Un divorce à cause d’un faux ami, c’est con. Fallait pas prendre Allemand LV1. (Gizèle se doit d’être honnête : ayant déjà une hygiène impeccable en toutes circonstances, le prix lui a échappé. Mais pour sûr, c’est pas cher.)

 

 

 

03 baume Primavera

Le baume pour les pieds Primavera

Tant qu’on est dans les produits de beauté. Dans un pays où la danse est une religion, on se sert beaucoup de ses pieds. D’où l’importance du baume Printemps. Senteurs fleuries ou flore indésirable ? Vu le nombre de pieds chaussés de tongues dans les rues cubaines, le Primavera semble bien jouer son rôle. 30 centavos de pesos convertibles, soit 21 centimes.

 

 

04 picos

La crème de fruits Pico’s

Rien que pour le plaisir de prononcer Melocotón, sans doute le plus beau mot de la langue espagnole. Champions du monde du système D, les Cubains réinventent le goûter en famille du dimanche après-midi avec les Pico’s, qui combinent deux de ses mamelles : les confitures et le Trivial Pursuit. Question pêche, question coing ou question fraise ? Avec sa culture générale aussi large que le Malécon, le mythique boulevard qui longe la mer à La Havane, Gizèle a déjà l’orange et le marron dans son camembert. A garder bien au frais, sinon la défaite pourrait être difficile à digérer. 2,55 pesos convertibles, soit 1,86 euros.

 

 

05 natilla

La natilla Arcoiris saveur chocolat

Digestion toujours. Béni soit Che Guevara, ceux qui ont commis cette natilla Arcoiris (crème dessert arc-en-ciel) ont compris la nécessité de rajouter quelques étoiles, de surligner en jaune vif « Saveur chocolat » et surtout de faire figurer deux cabosses de cacao sur l’emballage. Sans ces indices judicieux, Gizèle aurait pu se demander pendant un momentito à quelle extrémité de l’appareil digestif elle s’était retrouvée. Magie du marketing. 1,25 peso convertible, soit 91 centimes. A ce prix-là, c’est pas de la merde.

 

La rédaction

Retrouvez la série "Gizèle au supermarché" à Copenhague et dans le Colorado.

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